D’abord, le titre de ce billet n’est pas tout à fait de moi. C’est plutôt Biz qui a utilisé cette expression pour qualifier la dernière chanson du spectacle que le groupe donnait au Théâtre du Cuivre de Rouyn-Noranda, le 28 janvier dernier.
Cette chanson, c’était bien sûr Libérez-nous des Libéraux, hymne qui fait maintenant partie de notre inconscient collectif (mais pas encore suffisamment semble-t-il puisque la gang de Jean Charest est encore au pouvoir malgré tous les efforts du groupe). Cette chanson donc, Biz l’a qualifiée de «d’encore pathétiquement pertinente». Vrai qu’elle n’a pas encore pris une ride malgré qu’on l’ait entendue ad nauseam. En fait, ce soir-là, elle avait même subi un lifting surprenant, étant mixée avec l’historique ligne de basse et le riff de guitare ravageur de Smells Like Teen Spirit de Nirvana! De quoi souligner davantage son statut de chanson-phare d’une génération.
Parlant de génération, celle qui s’intéresse à Loco Locass en 2010 est assez représentative des contradictions de l’époque, et même de celles qui sèment le parcours de Biz, Batlam et Chafik depuis maintenant plus de 10 ans. Fallait voir le portrait qui s’offrait à nous lorsqu’une quinzaine de fans sont montés sur scène à l’invitation du trio durant la fameuse chanson finale; on y voyait une panoplie de t-shirts à l’effigie de Bob Marley, du Ché, de la fleur de lys et… de Star Académie! Savoureuse illustration de la position délicate dans laquelle se trouve Loco Locass depuis que l’Empire PKP leur fait de l’oeil…
J’écris «position délicate» mais en fait, personnellement, je m’en fous un peu de savoir pour le compte de qui chantent les Loco. Tant qu’ils chantent ce qu’ils veulent avec le haut niveau d’écriture et la conviction qu’on leur connait. Ils peuvent bien chanter pour la reine d’Angleterre si ça leur chante, vous et moi savons très bien qu’ils en profiteraient pour lui foutre un de leur chapeau fleur de lys sur sa tête blanche couronnée.
Alors qu’ils chantent pour PKP ou qu’ils fassent une saucette dans son spa pendant que Julie leur sert des cocktails (et je n’invente rien, c’est Biz et Batlam qui m’ont décrit la scène en rigolant, bière à la main après leur show!), si ça leur a permis de monter le Moulin à paroles contre vents et Labeaume, et d’insérer, dans un refrain écrit pour l’Empire, que «Québec est la capital du PAYS du Québec», alors franchement, c’est ce qu’on appelle bien choisir ses amis!
Pour ce qui est du show de Rouyn-Noranda, comme je n’écris pas pour un journal, ne comptez pas sur moi pour vous faire un track-by-track, j’ai toujours trouvé ça long et inutile. Je vous dirai seulement que c’était un très bon show, généreux comme toujours (plus de 2 heures), et avec au moins quatre chansons qu’on devrait retrouver sur leur prochain disque ce printemps.
D’abord M’accrocher poignante pièce sur le suicide qui a déjà bénéficié d’un très beau clip, Les Géants, hommage frissonnant aux bâtisseurs et au peuple du Québec (qui avait été interprétée lors de la St-Jean). Puis, deux «vrais» primeurs, Bougez-vous le joufflu et La trahison des marchands. La première totalement faite pour le plaisir et le délire (ben quoi, on est capable de réfléchir ET de s’amuser en même temps!), la seconde, très bien foutue, se voulant une allégorie accusatrice de ce que Loco Locass considère comme la fête ratée du 400e de Québec.
Bref, si Loco Locass est effectivement «pathétiquement pertinent», il est également dans une position extrêmement enviable car son niveau d’exposure grand public n’a jamais été aussi élevé. Et à ses détracteurs qui juge que Loco Locass ne devrait pas s’associer à l’Empire et à sa convergence, je n’ai qu’une seule question: est-il plus souhaitable et pertinent que ce soit sur Loco Locass que l’Empereur braque ses projecteurs ou sur Isabelle Boulay et Nicolas Ciccone?
C’est vous qui le dites!