Tag Archives: Vancouver

Samian, Horg et Sola au B.C.!

17 Nov

Trop hot de voir des ti-culs de Vancouver et Victoria tripper sur Samian, Horg et Sola – making of du WEST COAST TOUR, dans le cadre des Coups de cœur francophone.

Les Breasfeeders à Vancouver: la «Nuit de la bouteille maléfique» racontée par Luc Brien!

1 Mar

Les Breasfeeders

Alors que le Québec en entier s’attendrit sur le tabassage en règle par des anglos de son Kevin chérie, à l’autre bout du pays, Luc Brien, le chanteur des Breastfeeders, se fait atteindre par une bouteille en plein visage pendant un concert olympique.

On ira pas jusqu’à dire qu’on assiste à une guérilla en règle contre les artistes francophones par de «rest of Canada» (ce serait leur prêter des intentions… quoique…), mais il reste que ça prouve que faire chanteur, ça apporte son lot de dangers inhérents à la position de personnage publique.

Dans le cas de Luc Brien des Breastfeeders, la violence de l’impact était spectaculaire et a eu l’avantage (si je peux m’exprimer ainsi…) d’être captée sur caméra et placée sur YouTube. Voyez par vous même:

Ouch hein?!

Ce genre d’images méritaient explications. Et comme les médias traditionnels (pas plus que les blogues, sauf sur celui-ci) n’en ont fait de cas, j’ai demandé au principal intéressé de commenter.

Voici le récit de Luc Brien, chanteur éclopé des Breastfeeders, comme si vous y étiez:

Tout d’abord, je dois dire que je ne suis pas traumatisé par l’événement: recevoir une bouteille dans la gueule en concert est et restera un classique pour tout chanteur rock n’roll. Et comme m’a dit Plastic Bertrand après le show: « T’as de la veine parce qu’à mon époque, les bouteilles qu’on se recevait étaient en verre! ». Au final, avec mon oeil au beurre noir-mauve-jaune, je m’en tire mieux que Sid Vicious pissant le sang sur sa bass. C’était pas encore dans mon c.v., la bouteille dans la gueule.

C’était un bizarre de show, à Vancouver. Les kids étaient sur place depuis l’heure du midi, après avoir fait la queue pendant des heures sur quatre-cinq pâtés de gratte-ciel. Au soundcheck, vers 15h00, beaucoup étaient déjà bien installés dans les vapeurs de joints, la bière chaude et flasque vendue à prix d’or et les speeds cheaps qui ont le pouvoir de donner raison à l’argument le plus stupide. La majorité des dix et quelques milles ti-culs était surtout venu pour DJ Deadmaus qui était le dernier show de la soirée. Les calottes de baseball allaient donc devoir se taper Andrée Watters, un band de rock canadien dont j’oublie le nom et les Breastfeeders avant de pouvoir vivre leur osmose techno comme dans les pubs du camp Budweiser.

On a commencé notre set en feu et la réponse était pas mal pour les premiers morceaux. Mais plus ça avançait et plus on pouvait voir des îlots de résistance commencer à manifester son désir ardent de DJ. Je me dois d’insister sur ce mot d’ « îlot » parce que ce n’étaient vraiment pas la majorité des dix ou vingt milles spectateurs présents qui ont posé deux ou trois gestes dépassant leurs pensées. Sur dix ou vingt mille, ça prend une centaine de hooligans pour foutre la merde.

Et puis Maldoror casse sa tambourine et, par jeu, en envoit les morceaux dans la foule. Il crache une gorgée de quelque chose en mille goutelettes joyeuses dans la crowd qui commence timidement à body surfer. Des morceaux de tambourine reviennent sur scène par la voie des airs. Quelques bouteilles de plastique vides aussi. J’ai entendu parler de 25 cennes, mais pour ma part, je n’en ai pas vu. Par contre, j’ai vu deux ou trois doigts d’honneur brandient dans notre direction mais n’est-ce pas là le language rock n’roll dont on connaît les moindres recoins d’un océan à l’autre??? Avant de recevoir ma belle grosse bouteille pleine dans la geule, j’étais justement en train de me dire « c’est vraiment pas le show du siècle question ambiance mais, au moins, le bordel est solidement pogné »…

Ne jugeons pas trop sévèrement la centaine de « hooligans malgré eux » dont j’ai déjà parlé. Ne connaissant visiblement pas le rock n’roll, les objets volants se promenant de la scène à la foule et de la foule à la scène les ont emmené dans un beau grand terrain de jeux bien stoned et sauvage et ils se sont mis à donner raison au vieil adage qui raconte que l’être humain, devenu foule, a un âge mental de six ou sept ans.

D’ailleurs, l’instant suivant, l’impact sur ma tronche a ressemblé à cet instant où une bande de gamins, lançant des cailloux, casse finalement la vitre du voisin. Un malaise a plané. Un ange cornu a passé. Je me suis relevé. Tandis qu’une bonne partie de l’assistance m’ovationnait en rythmant le beat en handclaps, j’ai gueulé le reste de ma toune: « regarde-toi, est-ce que tu crois que je parle de quelqu’un d’autre que toi »…

Sur le coup, j’ai vraiment cru à un accident. En réalité, c’était un beau gros « fuck you » en forme de bouteille de plastique. Je ne peux en vouloir à une centaine de kids stoned attendant leur messie technoïde depuis des heures et qui ne comprennent pas c’est quoi, cette bande d’anti-conformistes chantant dans une langue étrangère avec des guitares de l’âge de pierre… « Qu’est-ce qu’ils foutent là, ces bizarres qui ne ressemblent pas à mes habitudes? On voit même pas les yeux du chanteur qui doit en plus se prendre pour un autre! Il n’est certainement pas né d’une mère!! » Et le SS-Qui-Habite-Encore-Chez-Ses-Parents lance sa bouteille pour faire marrer ses chums et paf!!! il fait mouche. Je le comprend. J’ai fait ça plus d’une fois, moi aussi, à l’école secondaire. C’est important, avoir l’air cool devant ses chums. Ça fait un baume au coeur et on sera peut-être moins gêné lorsque viendra le moment de coucher avec une fille.

Ce que je trouve tristounet avec cette histoire c’est que, depuis une semaine, je reçois des courriels, des gens m’arrêtent sur la rue et dans les bars pour me dire que Vancouver est une ville de caves, de red necks, d’anti-francophones. J’ai reçu des courriels de gens de Vancouver qui s’excusent, qui me disent qu’il n’y a pas que des imbéciles dans leur ville. Un musicien que je connais, originaire de cette ville, me dit: « je ne les excuserai jamais, se sont tous des idiots, je les connais »…

Pourtant ce n’est pas vrai. Je n’ai jamais trouvé que Vancouver était un bled de red necks. Les Breastfeeders ont joué à Vancouver cinq ou six fois et c’était tous des shows mémorables, remplis de gens hyper cools. J’y ai habité quelques mois, il y a plusieurs années, et j’en garde un souvenir splendide. Ma bouteille dans la gueule, ce n’est pas Vancouver qui me l’a garroché, c’est seulement un ti-cul comme il y en a des millions, perdu dans la foule anonyme pour toujours… et qui voulait seulement avoir du fun.

Voilà un gars qui prend ça cool… J’en connais qui auraient profité de la première occasion pour se venger. Par contre, certaines questions subsistent:

– Les organisateurs du spectacles auraient-ils pu prévoir qu’il y a certains mélanges de publics qui peuvent devenir explosifs dans certaines circonstances?

– Quelles étaient les réelles intentions du lanceur de bouteilles? Son bras se serait-il élancé si le groupe qui jouait devant lui avait été «canadian»?

– Les Breasts auraient-ils pu mieux contrôler la mauvaise humeur d’une partie de la foule en communiquant mieux avec elle?

– Est-ce qu’il y a des caves dans toutes les grandes villes du Canada où s’il y en a davantage à Vancouver?

Et vous, qu’en pensez-vous?